Poetry
Thousand Languages
Boudin Noir
Beatrice SzymkowiakIl y a une fleur qui s’ouvre
Il y a des odeurs
Il y a une odeur de truffes (forêt en décomposition + terre)
Il y a une résistance à la domestication complète
Il y a une capacité à digérer ses propres excréments
Il y a une sculpture en bois sur un autel et
Là, une truie joue du violon
Une truie gitane
Il y a des gouttes de lait
Il y a la grandeur du Christ
––une grandeur si vaste
Il y a une capacité à manger des restes humains
Il y a toutes sortes de détritus
Il y a une abondance
Il y a une peur
Il y a une bouche et
Il y a un téton
Il y a du sang coagulé dans une poêle
Il y a une fresque dans une grotte et
La vie s’y épanouit sur la roche
Il y a une fleur qui s’ouvre
Il y a une saison au nom de saucisse
Il y a une odeur de chair
Il y a un avorton écrasé sous le poids de sa mère
Il y a un repas
Il y a du sang
Il y a une poêle remplie de caillots et de piments rouges
Il y a des boyaux
––fins et translucides comme la coiffe d’un nouveau-né
prêts à être farcis
Il n’y a aucune douleur
Il y a une histoire
Il y a un troupeau de porcs
Il y a un homme qui somme
––qui intime les démons de les posséder
Il y a un précipice
Il y a une cascade de porcs
dans la mer
Il y a un bain de sang
Il y a une eau fertile
Il y a des interdictions de sabots fendus
Il y a un diable
Il y a un Carnaval
Il y a des nourritures interdites
Il y a la transsubstantiation
Il y a une coagulation comme un cristal légèrement foncé
Il y a une excitation
Il y a une tasse
Il y a une saignée
Il y a un maître-femme
Il y a des préparations
Il y a un maître-homme
Il y a une odeur d’accouplement
Il y a des excrétions
Il y a des découpes
––le lent déversement de sang coagulé et d’épices dans les boyaux
Il y a du soin
Il y a des liens à nouer.