Poetry
Thousand Languages Issue 4 Indigenous Poets Prize Folio
Lorsque son corps est un champ de bataille
Beatrice Szymkowiak i.
Lorsqu’ ikwewag jonche les fossés comme des biches
lorsque des corps de fille ––galets ricochant
des mains grasses de Wiindigo––sombrent.
Inademod––des rubans sur nos jupes une lamentation.
ii.
Bientôt on s’habitue aux buffets de funérailles––
snacks de macaronis-maïs-hamburger dans des sous-sols froids.
Les pâtissiers de l’église se soucient que trois œufs dans un gâteau
soient une extravagance––aussi inutiles que du sel
sur une tomate. Que deux refrains d’adieux.
Son poing s’exhumant de la tombe comme un pistolet armé.
Finalement, personne ne peut valser autour du pot de la mort.
iii.
Lorsque son corps est un étranger vermeil
une proie essoufflée, cible de regards.
Lorsque son corps est un champ de bataille.
iv.
Change ta voix en une expédition de secours.
Nous, les sages, savons que les yeux prédateurs deviennent des fleuves ;
des mots doux, une arme de maji-manidoog.
Seul un coffre grand ouvert signifie ni corps, ni âme.
v.
Elle apprend comment les rescapées parlent de leurs ravisseurs :
c’est ma faute, ma faute, une confession à fleur de peau
––robe soyeuse de mots––douloureuse et meurtrie.
Nos histoires pourrissent. Empestent de sans avenir.
vi.
Le jour où elle but de l’eau sainte comme si c’était de la bière,
percuta le portail de fer forgé avec sa Ford;
napperons de dentelle, hosties de communion se multiplièrent
en naissances virginales. Les serveurs des dames d’église détournèrent leurs regards.
Ô Saint Nishki, patron des Rouges Sans Terre.
Face à la mort, est-ce que la foi est une réponse ou une question?
vii.
En quoi devons-nous alors façonner les fractures?
Des trous dans l’argile de nos corps pour écouler nos pleurs.
Seul un cœur poreux endure les crues.
viii.
Maamawi…mashkogaabawiyang.